Des forêts appauvries
La grande région des Cantons-de-l’Est possédait jadis une ressource forestière abondante, diversifiée et de qualité. Son exploitation intensive, à des fins commerciales, et la colonisation du territoire depuis deux siècles ont grandement appauvri cet écosystème. Aujourd’hui, les tiges de haute qualité de plusieurs espèces de valeur sont rares, c’est le cas pour le pin blanc, le chêne rouge, le noyer cendré, le cerisier tardif, et même l’érable à sucre, malgré son abondance apparente.
Un potentiel forestier énorme
La ressource forestière des Cantons-de-l’Est présente un des plus forts potentiels de croissance et d’utilisation au Québec. Cela est dû à la qualité des sols, au climat favorable et au haut niveau de développement socioéconomique de la région. Malgré un développement soutenu depuis deux siècles, autour de 80 % du territoire estrien demeure tout de même sous couvert forestier. Ces forêts, souvent jeunes et appauvries, offrent un excellent potentiel pour la plantation de restauration avec des essences nobles.
Parallèlement, certaines zones situées en milieu agricole, notamment les bandes riveraines, les terres en friche et les bordures de champs, présentent également un énorme potentiel pour l’intensification de la production ligneuse et la restauration de services écosystémiques (habitat pour la biodiversité, protection de l’eau, captation du CO2 atmosphérique). L’intégration des arbres en milieu agricole (agroforesterie) nous apparaît donc une solution durable pour améliorer le bilan environnemental de notre agriculture.
Pas juste du bois
Outre la production de bois, d’autres enjeux territoriaux préoccupent actuellement les propriétaires forestiers, agricoles et urbains, notamment la conservation et la restauration de la forêt, la protection des cours d’eau, ainsi que l’aménagement forestier durable intégrant sylviculture intensive et extensive. Beaucoup de questions du public concernant ces enjeux territoriaux demeurent sans réponses. C’est la raison principale pour laquelle il est nécessaire de générer des connaissances scientifiques et de les transférer adéquatement.
Accroître les connaissances en aménagement
Suite aux travaux réalisés dans les Cantons-de-l’Est depuis plus de 20 ans par Benoit Truax et Daniel Gagnon, nous constatons que :
- les propriétaires forestiers doivent améliorer leurs connaissances au sujet de leur forêt et des options d’aménagement possibles;
- l’innovation et le développement des connaissances dans les domaines de l’aménagement forestier à petite échelle et de l’agroforesterie doivent être augmentés;
- il est urgent de recruter et de former du personnel hautement qualifié dans le domaine de l’aménagement forestier durable.
Des projets ancrés dans la communauté
La plupart des projets de recherche de la Fiducie reposent, en bonne partie, sur un réseau de plus de 60 propriétaires privés, dans le sud du Québec (Estrie, Montérégie et Centre-du-Québec). Sur les terres de ces propriétaires, des plantations expérimentales et des parcelles permanentes ont déjà été ou seront éventuellement établies par Benoit Truax et Daniel Gagnon.
Les travaux de recherche portent notamment sur le zonage forestier, les nouvelles approches de reboisement (enrichissement et restauration), l’agroforesterie, les bandes riveraines arborescentes en milieu agricole, la sélection et le rendement d’essences à croissance rapide, de même que sur les espèces vulnérables, menacées ou envahissantes. Une attention particulière est portée à l’amélioration des connaissances sur les peuplements forestiers naturels, peu importe qu’ils soient très bien conservés ou dégradés, et également sur les aspects sociaux liés à l’utilisation et à la conservation de la forêt.