Mise en contexte
Plusieurs sites montagneux du sud du Québec, notamment les collines montérégiennes, ont subi l’impact de l’exploitation forestière, puis plus récemment celui du développement récréotouristique. C’est le cas du Mont Brome, un territoire privé sur lequel a été développé un des plus grands centres de ski au Québec, la station Ski Bromont constituée de près de 100 pistes réparties sur 7 versants. Les coupes forestières du passé font qu’aujourd’hui le Mont Brome est principalement recouvert de jeunes forêts qui renferment relativement peu d’essences de valeur. Parallèlement, la création des pistes de ski et l’enneigement artificiel ont créé de nouvelles conditions environnementales et de nouveaux habitats, notamment plusieurs écotones forestiers localisés en bordure des pistes. Le Mont Brome constitue donc un environnement montagneux dégradé qui pourrait faire l’objet d’une restauration par la plantation d’arbres de valeur.
Ce projet de recherche vise à évaluer la possibilité d’établir des plantations d’arbres de valeur en site montagneux dans le sud du Québec. Il s’inscrit également dans une volonté du centre de ski d’entreprendre un important projet de restauration forestière en bordure des pistes de ski.
Dispositifs expérimentaux
En mai 2009, des plantations expérimentales ont été réalisées dans
4 environnements en bordure des pistes de ski, le long d’un gradient d’altitude et d’orientation des pentes. Trois secteurs du terrain de golf situé à la base de la montagne (Golf Château Bromont) ont également été boisés, ils servent de balises représentant des conditions de croissance idéales. Dans chaque environnement, 4 espèces d’arbres ont été plantées (chêne rouge, chêne à gros fruits, pin blanc et peuplier hybride) et 2 traitements de répression de la végétation concurrente ont été utilisés (paillis de plastique noir tissé et aucun traitement). Ce dispositif comprend un total de 120 parcelles expérimentales.
En raison du broutage intense par le cerf de Virginie sur les chênes rouges et les peupliers hybrides, après 2 saisons de croissances, la portion du dispositif située en montagne a été clôturée au printemps 2011. Puis, en mai 2011, nous avons regarni la totalité des parcelles de peuplier et de chêne rouge avec 2 types de plants de chêne rouge (racines nues et récipients). Cet ajustement méthodologique a généré 2 dispositifs distincts dans le temps, celui établi initialement en 2009 avec le chêne à gros fruits et le pin blanc et celui établi en 2011, avec les 2 types de plants de chêne rouge (plants à racines nues et plants en récipient).
En mai 2013, nous avons ajouté un troisième dispositif en bordure de 3 pistes de ski. L’objectif de ce dernier dispositif est de tester l’effet des manchons forestiers comme méthode de protection des semis de feuillus contre le broutage par le cerf de Virginie en terrain montagneux. Trois espèces ont été
plantées : le chêne rouge, le chêne à gros fruits et le bouleau blanc.
Résultats préliminaires
Pour le dispositif planté en 2009 dans 4 environnements de bord de piste de ski et dans 3 secteurs du terrain de golf, les résultats préliminaires sont les suivants :
- Après 5 saisons de croissance, l’utilisation d’un paillis de plastique noir a favorisé la croissance en hauteur, principalement pour le chêne à gros fruits, mais aussi pour le pin blanc.
- Cet écart entre les traitements a été révélé suite à la pose de la clôture contre le cerf de Virginie en mai 2011, ce qui indique une forte pression du broutage par le cerf sur les semis au Mont Brome.
Le regarnissage des parcelles en 2011, avec 2 types de plants de chêne rouge (plants à racines nues et plants en récipients), a donné les résultats suivants :
- Après 3 saisons de croissance, le type de plant de chêne revêt une importance moindre au fil du temps.
- Néanmoins, le plus gros diamètre basal des plants à racines nues semble un atout pour prospérer dans un environnement inhospitalier (enneigement artificiel).
- La croissance du chêne rouge est optimale sur les pistes situées sur des versants sud ou ouest.
Le dispositif établi en 2013 et visant à évaluer l’effet des manchons forestiers sur la croissance des feuillues suggère les tendances suivantes :
- Après une saison de croissance, l’utilisation des manchons forestiers a été fort bénéfique aux 3 espèces reboisées (100 % de survie).
- La croissance a été plus élevée pour le bouleau blanc, suivi du chêne rouge et du chêne à gros fruits.
- Les bordures forestières dégradées adjacentes aux pistes de ski offrent un environnement favorable à la restauration des feuillus par la plantation. Les sols forestiers y sont peu perturbés, la luminosité y est abondante et la compétition herbacée y est beaucoup plus faible que sur les pistes de ski.
Un suivi à plus long terme de ces dispositifs permettra de mettre en évidence les principaux facteurs conduisant au succès de restauration de la forêt en terrain montagneux perturbé dans le sud du Québec.