bandes d'arbres multi-espèces en zone riveraine agricolegricoleMise en contexte

Nos études réalisées en bande riveraine agricole depuis 2003 montrent l’énorme potentiel du peuplier hybride pour produire du bois et restaurer des services écosystémiques sur la ferme. Mais, qu’en est-il du potentiel des autres espèces ligneuses pour créer des corridors riverains diversifiés en milieu agricole? Est-il possible de réintroduire avec succès des essences nobles en zones riveraines dégradées? Quels sont les traitements sylvicoles nécessaires pour y parvenir? Parallèlement, il serait intéressant d’évaluer les écarts de croissance entre le peuplier hybride et d’autres espèces à croissance plus lente dans une perspective de création de corridors forestiers en territoire fragmenté.

 

Ce projet de recherche vise à évaluer la possibilité de reboiser, sur 1 km de longueur, la zone riveraine de 2 cours d’eau de tête traversant des pâturages bovins de l’Estrie. Le but est d’évaluer l’effet de différents traitements de répression de la végétation concurrente sur la survie et la croissance des plants. À plus long terme, l’objectif du projet est de créer des corridors forestiers diversifiés et multifonctionnels en milieu agricole.

 

Dispositifs de recherche

Plantation d'un peuplier hybride

Plantation d’un peuplier hybride

Au printemps 2010, un premier dispositif a été établi à la Ferme Lamontagne, à Magog. Cinq espèces d’arbres (chêne rouge, chêne à gros fruits, frêne rouge, peuplier hybride et pin blanc) ont été plantées dans le dispositif. Le site était divisé en 8 blocs, chacun contenait 5 espèces d’arbres et 2 traitements de répression de la végétation concurrente (paillis de plastique noir et témoin), pour un total de 80 parcelles expérimentales. Une espèce de saule a également été plantée hors des parcelles, et sans traitement sylvicole, directement en bordure du cours d’eau.

 

Toujours au printemps 2010, un deuxième dispositif a été établi à la Ferme Carocel dans la municipalité de Sherbrooke (arrondissement Bromptonville). Trois espèces d’arbres (chêne à gros fruits, noyer noir et pin blanc) ont été plantées dans le dispositif. Chacun des 6 blocs contenait 3 espèces d’arbres et 3 traitements de répression de la végétation concurrente (paillis de plastique noir, phytocide et témoin), pour un total de 54 parcelles expérimentales. Une espèce de saule a également été plantée hors des parcelles, et sans traitement sylvicole, directement en bordure du cours d’eau.

 

Sur chacun des deux sites, ces dispositifs s’étendent sur 1 km de cours d’eau sur les deux berges. En incluant les arbres plantés à des fins de remplissage, entre les blocs des dispositifs de recherche, c’est un peu plus de 3 500 arbres et qui ont été mis en terre pour ce projet de restauration.

 

Résultats préliminaires

Après 4 saisons de croissance, il est clair que les traitements de répression de la végétation concurrente en bandes riveraines favorisent grandement la croissance des plants.

 

À la Ferme Lamontagne (Magog)

  • Le peuplier hybride et le frêne rouge présentent les croissances les plus fortes, particulièrement lorsque le paillis de plastique noir est employé.
  • Malgré une survie élevée pour l’ensemble des plants, les arbres des parcelles témoins (sans paillis) présentaient une sénescence précoce et une croissance beaucoup plus faible.

 

À la Ferme Carocel (Bromptonville)

chêne à gros fruit

  • La croissance a été supérieure dans les parcellesqui ont fait l’objet d’un paillage (plastique noir) ou d’une application de phytocide.
  • Aucune différence significative de croissance n’a été observée entre les arbres dégagés au phytocide et ceux bénéficiant d’un paillis de plastique
  • Le pin blanc est l’espèce pour laquelle on voit le moins de différences de croissance dues aux traitements de répression de la végétation herbacée.

 

Bref, ces résultats montrent, après quatre saisons de croissance, qu’il est possible d’établir avec succès des plantations de restauration multi-espèces à grande échelle en bandes riveraines de petits cours d’eau agricoles dans le sud du Québec. Cette étude montre également que l’application d’un traitement de répression de la végétation concurrente est très importante pour favoriser l’établissement et la croissance des jeunes plants.

 

Dans les milieux où la zone riveraine présente un sol rocailleux et à pente forte, il s’avère beaucoup plus économique et facile de réaliser un dégagement chimique par pied d’arbre. Le paillis de plastique noir demeure un choix intéressant en terrain plat, surtout lorsqu’une dérouleuse à paillis est employée.